Je me faufilais à toute vitesse entre les passants. Forcément, je n’avais pas envie d’être surprise, et par l’orage qui grondait, et par la police. D’accord j’avais piqué plusieurs pièces de viande grillées et quelques légumes. Donc, il fallait que je fasse attention. Surtout que j’avais tout dans mon sac. Et puis avec la boule de pain. Quoi ? Fallait bien que je mange avec mon père. Ça changeait rien que je vole ou pas. Mais, avec l’orage ça allait poser des soucis si je revenais trempée. Même si je revenais des quartiers magiques. Je soupirais avant de m’engouffrer dans une petite boutique sans même frapper. Je connaissais assez bien l’endroit pour pouvoir y entrer comme dans un moulin. Ou presque. Juste à temps. Le tonnerre gronda avec violence. Pff ! Pile à temps.
Il y avait du monde pour l’instant. Je m’assis sur une chaise en balançant les jambes. Père me collerait une raclée s’il savait où j’allais parfois. Irrégulièrement quand même. Mais là je pourrais dire que j’attendais juste que l’orage passe. Puis il faisait encore trop jour pour qu’il se soit réveillé. Enfin, j’espérais vraiment. Sinon je trouverais bien une excuse pour être sortie de jour… Bon, en même temps cette fois j’étais de notre côté, et pas chez les humains… Il serait peut-être moins furieux… Surtout que je ramenais un peu à manger. J’aurais aimé me voler un livre… Mais c’était trop difficile. Au moins, quand je volais à Coven Garden c’était plus simple. Je soupirais en remuant le nez. Il pleuvait des cordes… J’espérais qu’il n’avait pas froid. Et il faudrait que je rentre sans me faire tremper. Peut-être en passant directement par le métro ? Boarf… Autant dans les tunnels je n’avais pas peur… Autant dans ce genre d’endroit ma claustrophobie faisait un bond en avant. Je devrais sûrement pouvoir passer par les tunnels… D’une manière ou d’une autre.
Je me levais en entendant la porte s’ouvrir. À moitié cachée par le rideau, j’observais la personne partir. Avec mes capacités d’Hag je passais nettement plus pour une humaine que pour autre chose. Et pourtant, ce n’était pas faute de vouloir ressembler à mon père… Mais j’avais la peau trop foncée, les cheveux trop roux… J’avais juste ses yeux… mais personne ne les remarquait… J’agitais à nouveau le nez avant de pencher la tête sur le côté pour voir si Aedariel était libre. J’avançais d’un pas en m’apercevant qu’elle l’était.
« Salut. »
Je lui fis un signe de main, je ne savais pas si ma compagnie était acceptée aujourd’hui. Sinon je partirais. Mais avec la pluie… Au pire : je courrais. Plus vite que le vent.
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