Né à Londres, Alexander Hart est le fils unique d'une famille chassée du Coven depuis plusieurs générations. Les Hart étaient une lignée de Hags ancienne, remontant probablement aux origines même des peuplades britanniques qui vinrent s'installer durant l'Antiquité. De génération en génération, ils participèrent activement au développement et aux événements de l'île, et surtout de la capitale anglaise. Avec le temps, ils furent à plusieurs reprises chassés du Coven, car on disait leur sang maudit : pour chaque bonne personne dans la famille, trois autres étaient pourries. Et c'est la raison pour laquelle l'arrière-grand-père d'Alexander fut le dernier banni en date.

Toutefois, la situation allait s'améliorer après la naissance du garçon. Son père et sa mère, nobles de naissance eux aussi, apportèrent un immense soutien financier au Coven et au gouvernement du pays, et se montrèrent plus que généreux envers leurs prochains. Guérisseur de son état, William Hart, le paternel, alla même jusqu'à faire amende honorable et voulut réintégrer, de façon permanente, sa famille parmi le cocon magique. Soutenu par une femme ambitieuse et qui partageait sa vision des choses, il y parvint ; et c'est ainsi qu'à l'âge de six ans, Alexander commença à apprendre la magie dans les règles, sans savoir, sans avoir encore conscience, de son potentiel.

Il vécut toute son enfance dans une aisance incroyable, sans jamais connaître la faim, la privation, ou même les difficultés du quotidien. Il avait à sa disposition des précepteurs, des servants et des servantes, ses parents, et des membres du Coven qui n'étaient que trop heureux de pouvoir aider les Hart à rentrer, une bonne fois pour toutes, dans le droit chemin. Un succès qui dépassa leurs espérances, d'ailleurs, car non seulement le garçon avait de bonnes dispositions pour la magie, au-dessus de la moyenne, mais en plus de cela, il avait à cœur de pouvoir mener des recherches et aider les autres en le faisant. Un but louable... qu'on ne tarda pas à trouver inquiétant.

Lecteur assidu, Alexander amassait beaucoup de connaissances et menait des expériences pour pouvoir s'améliorer toujours plus. Et ce, parfois, sans tenir compte des dommages collatéraux qui pouvaient être occasionnés autour de lui. Il lui arriva fréquemment, à partit de l'adolescence, de blesser ou de casser des gens et des choses sans s'en rendre compte, ou même pire, en sachant pertinemment que ça arriverait mais sans en tenir compte. On commença alors à s'inquiéter, à vouloir tenter de raisonner un peu le jeune homme et à lui montrer des voies plus douces, plus calmes, et surtout moins dangereuses. Son propre père voulut lui montrer la voie en question, et l'incita à devenir médecin. Il pensait avoir réussi...

Peut-être a-t-il réussi à empêcher Alexander de devenir une bête noire, comme tant de ses ancêtres. Mais alors qu'il devenait adulte et commençait à s'intéresser autant à la magie de haut niveau qu'aux femmes, le jeune homme se découvrit une passion beaucoup plus dévorante qu'il ne l'aurait pensé pour la médecine, la chirurgie et tous ces domaines nébuleux, tristement mortels et surtout, complexes. Il délaissa donc la magie pendant de nombreuses années, préférant se concentrer pour devenir un homme de soin, mais du côté des simples mortels. Cachant bien son jeu, il se montra bon et généreux, attentionné et plaisant... alors qu'il voyait d'autres buts à tout cela. En effet, il découvrait petit à petit qu'être médecin lui donnait la possibilité d'utiliser la magie en toute discrétion, et de s'en servir pour mener toujours plus loin ses propres recherches.

Ce n'est que bien des années plus tard qu'Alexander ne termina ses études, fort de nouvelles connaissances et de nouvelles ambitions, arborant un visage empli de sagesse et de bienveillance. Le Coven était persuadé d'avoir réussi à chasser cette bête noire et à la remplacer par un être bon, mettant ainsi un terme à la « malédiction » de cette famille. Pour le fraîchement diplômé, c'était le lancement de sa vie, enfin ! Et aussitôt, il voulut faire construire une clinique dans les quartiers les plus défavorisés, et en particulier dans l'East End. Hélas, un gros coup de frein à son ambition mit un terme temporaire à l'idée.

En effet, les Hart avaient beaucoup dépensé tout au long de leur vie, et ils n'avaient plus la fortune de jadis ; et malgré leur bienveillance, ils refusèrent d'investir ainsi dans une clinique qui n'apporterait rien, financièrement. Une solution fut toutefois trouvée après plusieurs mois : la famille des Ramsay possédait une grande fortune, et leur fille était à mariée. Un accord profitable aux deux parties... et plus particulièrement à Alexander qui, après un entretien secret avec le père de la famille Ramsay, remportait le gros lot. Il aurait sa clinique, il aurait l'argent nécessaire pour la faire subsister et mener toutes les recherches qu'il voulait... et il gagnait une épouse au sang terriblement chaud.

Aujourd'hui, cela fait presque deux ans qu'ils sont mariés, et leur situation n'a pas beaucoup évolué. L'argent et le prestige ont permis aux deux familles de se redresser, la clinique d'Alexander marche bien et il poursuit ses recherches en secret et avec minutie. Mais il n'y a, malheureusement, pas beaucoup d'amour dans la relation entre Annabelle et lui. Si leurs performances nuptiales respectives font le bonheur de l'autre, il n'y a guère d'affection. Chaque pas en avant est difficile, concédé plutôt que fait, et il est irrémédiablement suivi d'un pas en arrière. Leurs divergences d'opinion quant au métier d'Alexander y sont pour beaucoup, mais il est fort à parier que leur position au sein du Coven ou dans la société britannique n'y est pas étrangère. Mas qui sait, peut-être qu'un déclic viendra ?

En attendant, Alexander continue de vivre selon son ambition et ses pensées dissimulées. En apparence gentil, en réalité pragmatique, méprisant voir mauvais, il aime cacher son jeu, il aime se dissimuler. Et surtout, il aime pouvoir faire semblant d'aider alors qu'en réalité, il détruit.

- Feu
- Nécromancie
- Transmutation