D’accord ! Je n’étais pas censée aller dans les quartiers des humains… Mais il faisait jour, ou presque le soleil était en train de se coucher, et tous mes camarades elfes noirs étaient… hé bien pas là… Et je m’ennuyais royalement… Si bien que je préférais encore traîner avec les humains. C’était beaucoup moins drôle. Déjà je devais faire attention à ne pas trahir qui j’étais vraiment, même si j’avais une apparence humaine, merci mon côté Hag, je restais plus proche des elfes noirs. Fallait dire que j’avais un père qui ne donnait qu’envie d’être un elfe noir… J’étais fière d’être sa fille et j’essayais d’être digne de lui… Mais bon.

Je rajustais ma chemise, je ne portais pas de robe, même quand je me promenais dans la rue, pantalon et vêtements de garçons. J’étais bien plus libre de mes mouvements comme ça. Et tant pis si ça choquait. Au moins j’étais libre et c’était le plus important. Je discutais avec des garçons, quand j’étais avec les forty elephant, je n’étais qu’avec des filles et là aussi c’était différent. Là je ne travaillais pas, je me baladais juste. Je rajustais les plis de ma chemise d’homme autour de moi en souriant à une plaisanterie d’un des garçons en secouant la tête. N’importe quoi. Au moins j’avais des nouvelles d’un peu partout, je m’arrêtais un instant pour observer une librairie. J’adorais les livres, mais c’était très cher… Je remuais le nez en observant la couverture d’Oliver Twist. J’aurais adoré pouvoir le lire, mais je ne pouvais pas. Tant pis. Je remuais mes doigts avec l’envie d’entrer pour saisir le livre et repartir. Tant pis.

Je repris ma route en secouant à nouveau la tête avant qu’on s’arrête pour boire à une fontaine. J’observais le ciel. J’avais intérêt à ne pas trop tarder sinon j’allais à nouveau me faire pincer par mon père. Je ris à nouveau avec les autres avant de m’appuyer un peu contre le mur et Charly sortit une pomme qu’il me donna. Je le remerciais avant de la croquer en continuant de discuter. Je sentis un doigt attraper une de mes longues mèches de cheveux.

« T’veux pas m’en filer une Amdir ?
- Nan ! T’voudrais en faire quoi ?
- Bah j’sais pas, c’est joli ton roux.
- Ta connerie aussi elle est belle. »

Je repoussais gentiment le garçon qui rit avec moi avant d’observer autour de moi. J’avais intérêt à y aller en secouant la tête.

« Bon j’y vais moi. »

Je sortis du cercle avant que Charly me rattrape.

« T’veux pas rester un peu ? On va aller à la taverne du Cochon Siffleur. »

Je secouais la tête. Si mon père sentait de l’alcool sur moi, j’étais bonne pour être enterrée.

Je tordis mon poignet pour le faire lâcher prise. Quand je disais non, c’était non. Je me retournais en sentant quelqu’un attraper mon col de chemise. Ah. Ça c’était… Mauvais. Très, très, très mauvais pour moi. Surtout au vu de la tête de mon père. Qui avait toutes les raisons du monde d’être furieux. Les garçons étaient silencieux. Heureusement qu’il n’avait pas vu l’autre toucher mes cheveux. Je soutiens son regard en avalant ma salive, je n’avais aucune excuse. J’allais me prendre la raclée de ma vie. Déjà que j’étais sur la pointe des pieds pour qu’il ne m’étrangle pas involontairement. Comment lui expliquer pourquoi j’étais là et non pas au moins avec des créatures magiques. Non toujours pas d’excuses. Je sentais aussi sans le voir les regards des autres sur mon père avant qu’ils ne détalent rapidement. Histoire de ne pas être une victime collatérale sûrement. Au moins maintenant je pouvais parler directement à mon père. Je pris enfant la parole :

« Je… Je n’ai pas réussi à dormir, père. Et… Je voulais pas vous réveiller. Alors je suis sortie. Et je me suis baladée un moment sans réfléchir où j’allais et ils ont croisé ma route, j’étais en train de rentrer. Je suis désolée Père… »

Ce qui était vrai : je n’avais pas réussi à dormir et j’étais sortie pour ne pas tourner en rond dans la grotte et le laisser se reposer. Et je n’avais aucune raison pour ne pas être allée vers plus les créatures magiques. De toute manières à part les elfes noirs, il n’aimait aucune autre espèce magique. C’était quand même mieux que les humains bien sûr. Mais là, j’avais merdé. Et grave. Et j’étais vraiment désolée. Par contre je commençais à avoir mal aux jambes à force d’être sur la pointe des pieds. Dans un autre cas je lui aurais demandé de lâcher le col de ma chemise, mais je n’étais pas en position de négocier. Clairement pas. J’avais mal calculé mon coup… J’aurais dû rentrer plus tôt. Je tentais l’humour pour essayer d’espérer de le calmer un peu.

« Je suppose que je suis en retard pour l’entraînement. »

J’allais déguster sévère… Je le sentais arriver. Mais je restais toujours à soutenir son regard, et je ne faisais nullement la fière comme je pouvais parfois le faire pour le défier gentiment ou le faire rire.